26 juillet au 11 août 2020
La traversée qui relie les Baléares à la Sardaigne devrait prendre environ 48 heures.
Pour l’occasion, nous rabaissons la table intérieure afin d’aménager un coin détente. Les enfants ressentent souvent le besoin de s’allonger durant de longues navigations et le carré extérieur devient vite encombré de deux petits moussaillons très étendus. On tente donc l’expérience de cette nouvelle disposition, sachant que la cuisinière devra sacrifier son espace de travail puisque c’est généralement sur la table intérieure que s’effectue la préparation des repas.

La première journée de navigation se déroule très bien. Un beau vent au grand largue (entre le travers et l’arrière) nous fait avancer sous grand-voile et gennaker à une très bonne vitesse.
Jour 2 de la traversée, au petit matin, les enfants dorment encore alors qu’on est dehors et qu’on entend un “bling bling” inhabituel. On tente de trouver la source de ce bruit étrange. Une inspection visuelle nous amènera à trouver sur le pont un anneau métallique (“washer”). En relevant la tête, on remarque que le boulon qui retient la bôme (partie structurelle horizontale sur laquelle repose la grand-voile) n’est plus en place. La jonction ne tient que par une tige libre et peu convaincante qui à chaque mouvement du bateau s’éloigne de plus en plus de sa position et risque de tomber.

Il faut agir vite! On affale la grand-voile. On installe des pare-battages sous la bôme pour soulager la tension et pour amoindrir un éventuel choc qu’on veut à tout prix éviter. Il faut ensuite trouver un boulon 10mm pour le réinstaller. Malgré tous les outils et toute la quincaillerie que nous avons avec nous à bord, on n’a pas ce boulon en surplus! Évidemment! On est à 24 heures de la terre, avec une bôme qui menace de céder à chaque vague et il nous faut ce boulon!!! On a beau fouiller dans tout nos coffres à outils, niet! On cherche un boulon à démonter à quelque part sur le bateau. La perspicacité de François sera récompensée lorsqu’il remarque que les bras du bossoir à annexe sont munis de ce même fameux boulon. Nous sanglons donc l’annexe pour la sécuriser avant de retirer le précieux que nous installerons avec soulagement sur le vit-de-mulet. Ouf!!! On l’a échappé belle!!!On décide de poursuivre notre deuxième moitié de parcours sans remonter la grand-voile. C’est sans anicroche que nous atteindrons la Sardaigne, après 46 heures de navigation et quelques sueurs froides.
Nous passerons nos premières journées au port d’Alghero. La ville offre gracieusement une place au port pour les bateaux en transit pour un maximum de 5 jours ( pour les marins, voir les infos que j’ai inscrites sur Navily). Nous profiterons de cette option afin de faire un bon avitaillement et de découvrir la ville et ses environs. Quelle belle opportunité quand on sait qu’au quai juste à côté, il en coûterait près de 150$ par nuit pour y amarrer Vahana! Nous nous gâterons donc souvent avec de bons restaurants, gelato et autres plaisirs. Il faut bien compenser! 😉

Dès notre accostage au quai, nous nous faisons accueillir par Christopher. Tout sourire, il nous souhaite la bienvenue dans sa ville. Christopher, qui parle italien , anglais et un peu français, rêve d’aller visiter le Canada. Dès qu’il a vu notre drapeau, il est venu vers nous. Nous le recroiserons soirs et matins, et pour l’occasion, dès le premier après-midi de notre rencontre, il arborera sa casquette et son chandail à l’effigie du Canada. De même qu’un drapeau blanc et rouge qu’il traîne fièrement dans son sac. Si vous passez par le quai d’Alghero, aller le saluer de notre part, il en sera très heureux.

Alghero est une très jolie ville remplie d’ambiance et chaleureuse. La vieille ville comporte plusieurs rues piétonnières. Il est impressionnent d’observer les plafonds voûtés des vieux bâtiments. C’est très joli et très authentique à la fois.
Au premier matin, un charmant monsieur cogne au bateau. Il vend des fromages, huile d’olive, pains sarde à bord d’une petite camionnette. Curieuse, je vais voir ce qu’il a à proposer. Losqu’il ouvre sa porte coulissante, wow!!! Le camion est remplie de meules de fromages et autres produits du terroir. Il me fait goûter ses produits en me les décrivant avec passion. Je repars donc au bateau avec un morceau raisonnable de pecorino dolce, me disant que je serais la seule à en manger. Erreur! Finalement, toute la famille l’a bien aimé, j’ai donc du le partager!
Alghero compte un beau marché et un accès facile à des produits locaux. Une des premières choses que l’on remarque, ici en Italie, c’est que les produits sont moins « parfaits ». Les standards d’esthétisme et de conformité alimentaire sont bien différents. Les légumes ont tous des formes et des grosseurs différentes. Comme dans la vraie vie quoi! Ici, on ne boude pas une carotte croche ou un fruit tacheté. Mais plus que tout, ce qui surprend, c’est la saveur des aliments. Ça explose dans la bouche! On n’aura jamais mangé meilleures tomates, basilic et melons. Et que dire des pizzas et des focaccia! Le bonheur!
Les Sardes sont très fiers de leurs productions et avec raison 💕
Après avoir passé plusieurs mois en Espagne, je me rend compte que la langue italienne est très différente de la langue espagnole. Il y a quelques mois, j’aurais pu les confondre. Les italiens chantent en parlant. Ils ont une rythmique dans leur prononciation qui est moins suave et plus mélodique. Nous n’aurons cependant aucune difficulté à bien nous faire servir en anglais et même parfois en français.
Le transport en commun n’est pas très développé sur l’île. C’est en jasant avec des voisins de quai que nous avons l’idée de louer des scooters pour aller découvrir l’intérieur des terres. Arrivés au centre de location, on réalise vite qu’il n’y a pas de casque de moto disponible pour les enfants. Déception! Qu’à cela ne tienne, on a repéré un Suzuki et on achète des casques pour eux en se disant qu’à chaque future location, ça simplifiera la chose.
Quelle sentiment de liberté que cette sensation de vent chaud caressant notre visage et tous ces parfums de fleurs que nous respirerons en déambulant en scooter dans les petites routes intérieures.
Notre objectif était de visiter Sassari, la deuxième ville la plus importante de la Sardaigne. La ville en soi avait peu d’intérêt. Cependant, la ballade était sublime et nous avons aussi mis les pieds à Porto Torres. Finalement, coup de cœur pour le petit village pittoresque d’Argentiera. C’est un ancien village minier où l’on peut y observer une ancienne laverie en bois.
Après près d’une semaine à Alghero, ville que nous avons adorée, nous remontons vers le nord de la Sardaigne.
Nous passerons l’anniversaire des 8 ans de Jacob dans notre premier coup de vent. Comme s’était prévu, nous nous étions bien préparés. Nous avions enlevé les toiles, sécurisé le bateau. Nous avions plongé pour bien vérifier l’ancre la veille. Nous aurons rencontré des vents de 35-40 noeuds (65-75 km/h) avec des rafales à 45 noeuds.(+ de 80km/h). On attend que ça passe!
Nous nous déplacerons ensuite vers Marmorata. Les enfants auront beaucoup de plaisir à déambuler sur « l’île lisse », comme ils l’ont baptisée. 😉




Coup de cœur pour cette petite balade dans un décor magnifique sur cette petite île en rochers de granite. Jacob nous a dit qu’il aurait bien aimé que son anniversaire soit cette journée tellement il a aimé l’endroit 😍
Nous nous dirigerons ensuite vers la Costa Esmeralda. Il faut savoir que ce secteur est réputé pour ses hôtels de luxe, ses grands restaurants et aussi ses bateaux somptueux. Ici, on comprend vite la notion d’inégalité économique. Les riches sont très très riches! C’est de l’exubérance et du tape à l’œil à outrance.
Un matin, nous nous réveillons à quelques mètres du Dilbar . Il est venu s’ancrer tout près de nous durant la nuit. Ce mega yacht privé de 156m appartient à un richissime russe. Construit au coût de 600 millions de dollars US, il peut accueillir 40 invités et 80 membres d’équipage. Ici, c’est la démesure!Dilbar vu de mon hublot !
Nous croiserons aussi des yatch avec hélicoptère à bord. Comme celui-ci que vous pouvez louer pour la modique somme de 3 500 000€ par semaine. Rien de trop beau pour la classe ouvrière 🤷🏻♀️ Ce type de bateau se compte en très grand nombre dans le secteur.
Nous passerons quelques jours dans le beau mouillage de Cala Liscia. Cependant, puisque c’est en août que les Européens prennent tous leurs vacances, nous trouvons qu’il y a pas mal de monde dans les petites baies. C’est surpeuplé! C’est ici que se trouve le Nikki Beach Bar proposant des bouteilles de 6 litres de Dom Pérignon à 40 000€ (60 000$) la bouteille 😳. Le va et vient constant des nombreux bateaux nous donne le tournis et nous craignons même de faire baigner les enfants autour du bateau tellement ça bouge! On s’ennuie un peu des petits mouillages tranquilles.
Il y a aussi beaucoup de bateaux de location et plusieurs semblent peu familiers avec les manœuvres de mouillage. Dont un catamaran 46, ancré tout près de nous, dont l’ancre dérapait à répétition jusqu’à 3:00 du matin 😬
Nous irons ensuite à Olbia. La rue principale est jolie et la grande roue éclairée avec de beaux jeux de lumières.
Il y a aussi un marché en plein air avec de beaux produits frais. On y dénichera du pecorino à prix imbattable. Au départ, j’en demande une petite tranche, mais le vendeur me dit qu’il va me calculer le prix pour un gros morceaux équivalent à 1/5 de meule. Sachant le prix au Québec, je veux y aller avec modération. Le vendeur me propose même de m’en mettre une section sous vide. Tenez-vous bien : 6,50€ le kilo! Wow!!! Au Québec, il faudrait compter au moins 45$/kg pour ce fromage. Maintenant que je sais que toute la famille apprécie ce délice, j’en fais bonne provision, pour 8,50€!!!😊
Nous aurions aimer descendre plus au sud où il y a de belles grottes à visiter, cependant les vents nous auraient imposés un retour d’une dizaine d’heures au moteur. Ouach!
Nous aurions aussi souhaité visiter la réserve naturelle des îles de Maddalena, cependant, du aux vacances, il y a beaucoup trop de monde. C’est pire que Disneyland! Tant pis! La terre est grande et il faut faire des choix. On tente donc d’éviter un secteur si surchargé.
Nous aurons donc visité principalement le nord de la Sardaigne. Nous préférons nous concentrer sur un plus petit territoire et bien l’explorer sans trop courir. Nous avons été charmés par les endroits visités et le bon accueil des gens d’ici.
Il nous faudra revenir visiter le sud et l’intérieur des terres dans un futur voyage. 😉
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Prochaine destination: la Corse